S. m. (Morale) homme qui est parvenu au dernier âge de la vie, qu'on appelle la vieillesse.

Les vieillards, dit Horace, sont assiégés de mille défauts. Une malheureuse avarice les tourmente sans cesse pour amasser du bien, et leur défend d'y toucher ; la timidité les glace, et les rend comme perclus ; ils n'espèrent que faiblement, ils temporisent continuellement, ils n'agissent que lentement ; toujours alarmés sur l'avenir, toujours plaintifs et difficiles, panégyristes ennuyeux du temps passé, censeurs sévères, et surtout grands donneurs d'avis aux jeunes gens.

Multa senem circumveniunt incommoda : vel quod

Quaerit, et inventis miser abstinet, ac timet uti :

Vel quod res omnes timidè, gelidèque ministrat,

Dilator, spe longus, iners, pavidusque futuri,

Difficilis, querulus, laudator temporis acti

Se puero, censor castigatorque minorum.

Cette peinture est aussi belle que vraie : multa senem circumveniunt incommoda, un vieillard est assiégé de maux. Dilator, il n'a jamais assez délibéré. Spe longus, ou si vous voulez lentus, il n'espère que faiblement, il est long à concevoir des espérances ; iners, il ne sait pas se remuer ; pavidusque futuri, il est toujours alarmé sur l'avenir, il tremble que le nécessaire lui manque ; querulus, de mauvaise humeur ; laudator temporis acti, il ne vante que le temps passé ; enfin pour finir de peindre les vieillards ; entiers dans le passé, ils en conservent toujours une idée agréable, parce que c'était le temps de leurs plaisirs ; et toujours occupés d'eux,

Racontent ce qu'ils ont été,

Oubliant qu'ils vont cesser d'être.

Un vieillard qui tient le timon de l'état, trouve presque toujours des difficultés, voit des dangers par-tout, délibére éternellement, a des craintes et des remords avant le temps, ne mène jamais une affaire jusqu'où elle doit aller, et compte pour une fortune complete le plus petit succès. Qu'un juste mélange de ces excès réduits à la modération qui fait les vertus, mettrait un excellent tempérament dans les affaires du gouvernement !

Tout vieillard en général doit penser à la retraite. Il est un temps de se retirer, comme il est un temps de paraitre.

Un vieillard infirme et chagrin ne saurait guère se montrer dans le monde, que pour être un objet de compassion ou de raillerie : il faut alors laisser jouir la jeunesse des avantages du bel âge ; il faut se reduire aux plaisirs tranquilles de la lecture, ménager la complaisance de ceux qui veulent bien nous souffrir, et ne chercher leur conversation qu'autant que nous en avons besoin, pour tempérer la solitude, jusqu'à-ce que nous passions pour toujours dans celle du tombeau. Si nous étions sages, dit Saint-Evremont, notre dégoût répondrait à celui qu'on a pour nous, car dans l'inutilité des conditions, où l'on ne se soutient que par le mérite de plaire, la fin des agréments doit être le commencement de la retraite. (D.J.)

VIEILLARD, (Médecine) les vieillards sont sujets à nombre de maladies qui leur sont particulières par le défaut de transpiration ; les reins, le bas-ventre, les articulations, et le cerveau, sont attaqués d'une humeur âcre qui demande à être évacuée et adoucie ; nous allons dire ce que conseille Aètius sur le régime des vieillards.

La vieillesse est naturellement froide et seche ; son effet ordinaire est de refroidir et de dessécher le tempérament ; mais lorsque la chaleur abandonne par degré les parties du corps, lorsqu'une grande sécheresse s'en empare, elles sont moins propres à leurs fonctions ; leurs actions s'exécutent d'une manière plus languissante, et l'animal perd de sa grosseur, de sa force, et de son embonpoint. Lorsque la sécheresse est poussée à un certain degré, les rides lui succedent ; elles sont précédées de la maigreur et de la faiblesse des membres, et surtout des jambes et des pieds ; celui donc qui aura étudié les causes du sec et du froid, et leurs remèdes sera un excellent médecin pour les vieillards ; il saura que ces deux qualités doivent être combattues par des choses qui humectent et échauffent, tels que sont les bains chauds d'eau douce, l'usage du bon vin, les aliments capables de fortifier et d'humecter, la promenade ou la gestation, qu'il ne faut point pousser jusqu'à lassitude ; il fera trois repas par jour ; il goûtera sur les trois heures avec du bon pain et du miel clarifié, le meilleur qu'il pourra avoir ; à sept heures, après la friction et les exercices convenables à cet âge, qu'il prenne le bain, et qu'il soupe ; que sa nourriture principale à diner soit de choses qui relâchent le ventre, comme des salades de betes et de mauves ; il se nourrira de poissons de mer, pêchés aux environs des rochers ; qu'il se repose après ses repas, et qu'il fasse ensuite un peu d'exercice ; il ne mangera point de poisson à souper ; que ses aliments du soir soient d'un bon suc, de difficîle corruption, comme le poulet, ou quelque autre volaille bouillie dans de l'eau seulement, ou sans sauce.

Le vin est excellent pour les vieillards, parce qu'il est restaurant, cordial, échauffant ; mais de plus en ce qu'il purge la sérosité du sang par les urines. Or cette évacuation devient plus nécessaire dans les vieillards, surtout ceux qui abondent en superfluités aqueuses et séreuses, Aètius Tetrab. 1. Serm. IV. chapitre xxx.

Cet ancien avait une idée excellente du régime des vieillards ; cependant on peut dire que les bains ne paraissent pas fort indiqués ; attendu que la faiblesse naturelle à cet âge, et le défaut de chaleur qui l'accompagne, contre-indiquent ces remèdes, qui ne font qu'affoiblir encore davantage.

Les frictions sont ici fort bien indiquées ; les sueurs étant supprimées par la roideur des fibres et l'oblitération des pores, il faut y suppléer soit par les frictions, soit par les diurétiques, qui poussant par les urines, préviennent les accès de léthargie, d'apoplexie, et autres maux qui sont produits par le reflux de la sérosité âcre sur les viscères et sur les parties nobles ; telles que le cerveau, le poumon, et les viscères du bas-ventre ; les diurétiques suppléent en cela au défaut de transpiration, et rétablissent les fonctions dans leur premier état.

Comme les diurétiques pourraient ne pas suffire, on doit évacuer par les selles les humeurs surabondantes ; la purgation est donc indiquée dans les vieillards ; elle détourne les humeurs du cerveau et de la poitrine ; elle les pousse par les couloirs des intestins. D'ailleurs la liberté du ventre rend la circulation plus libre dans le bas-ventre, et empêche le sang de se porter en trop grande quantité dans le cerveau. Cependant il faut éviter de causer le dévoiement et l'arrêter peu-à-peu, lorsqu'il est venu.

Enfin, comme les vieillards sont fort tourmentés de la goutte, du scorbut, de paralysie, de rhumatisme, il faut avoir égard aux indications de ces maladies, et ne point aller contre le but principal ; car si on venait à repercuter la goutte, le rhumatisme, et les taches du scorbut, il serait à craindre de voir survenir des inflammations des viscères, et de ne pouvoir rappeler la goutte au siège qu'elle occupait auparavant. Voyez AGE et TEMPERAMENT.